Irrigation, sans eau pas de truffes

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Goutte-à-goutte ou micro-aspersion

L’irrigation d’une plantation est à notre avis indispensable, surtout dans notre région sec et balayée par la tramontane. Au départ, le jeune plant doit être régulièrement arrosé durant les 2 premières années de son installation. Ensuite, il faut apporter de l’eau chaque 2 – 3 semaines (pluie ou arrosage) d’avril à septembre, voire avant et après selon votre climat et les conditions météo. Dans une truffière en production, un été sans eau compromet gravement la production de truffes durant l’hiver suivant.

L’eau reste cependant souvent une denrée rare selon les régions de plantation et il est important d’en optimiser l’utilisation. Lors de la plantation et pendant les 3-4 premières années, nous conseillons le goutte à goutte traditionnel. 1 goutteur au pied les 2 premières années, puis 2 goutteurs, chacun distancé de 50 cm du pied, les 2 années suivantes.

Par contre, quand l’arbre est bien installé et les racines commencent à occuper une plus grande surface, il faut pouvoir couvrir cette surface en apport d’eau. L’installation de la micro-aspersion est dans ce cas souvent utile (1,5 m de rayon, 20 L/h) afin d’apporter  30 litres au m2 (équivalent 30 mm) chaque 2 ou 3 semaine. Le problème qui se pose avec la micro-aspersion est qu’une grande partie de l’eau s’évapore avant de pénétrer dans le sol, surtout en cas de vent et/ou forte chaleur, ce qui est souvent le cas chez nous. La quantité d’eau consommée est bien supérieure par rapport à une irrigation par goutte-à-goutte. D’autre part, l’arrosage de la surface totale autour de l’arbre favorise la poussée d’herbes et augmente le travail de désherbage.

serpentin

Nous avons donc été obligés de repenser notre système d’irrigation suite à l’extension de la plantation. D’une part, nous avons fait le choix de privilégier le chêne kermès, qui peut se contenter du goutte à goutte car les racines s’étendent sur une plus petite surface. Par contre, vu le résultat de production très convaincant des arbres “mixtes”, nous en avons également planté en nombre. Sur ces emplacements, nous avons expérimenté l’arrosage en goutte à goutte par serpentin; un tuyau comportant 13 goutteurs 2L/h disposé en spirale autour de l’arbre. Dans ce cas, l’arrosage sera plus court et plus fréquent; 2 heures 2 à 3 fois par mois selon la filtrabilité de votre sol. La dépense d’eau est ici bien inférieure et la totalité de l’eau arrive au sol et profite mieux à l’arbre. Le tuyau flexible peut être déplacé afin d’éviter de toujours arroser aux mêmes points du sol.

Vu le nombre d’arbres que nous devons irriguer, la meilleure solution pour nous, est l’utilisation de capillaires. D’une longueur de 40 cm, ils se sont finalement avérées trop courts; nous vous conseillons d’utiliser une longueur de 0,8 à 1 m afin d’avoir plus de flexibilité au mesure de l’agrandissement du brûlé.  Lors de la plantation, l’arbre est placé à distance du goutteur et la sortie du capillaire est piqué au pied de l’arbre. 2 ans plus tard, un deuxième goutteur avec capillaire est installé avec un point d’irrigation à 50 cm de l’arbre. L’année d’après, la première capillaire est déplacée à 50 cm de l’autre côté de l’arbre.

Tuyau central avec goutteur avec capillaire
Tuyau central avec goutteur avec capillaire
Une tige en fer inséré au bout du capillaire permet de le piquer au sol
Une tige en fer inséré au bout du capillaire permet de le piquer au sol

Quand le brûlé s’installe (ou 4 – 5 ans plus tard), on ajoute d’autres capillaires en fonction de la taille du brûlé et de l’arbre, par exemple 4 points d’irrigation (2 capillaires + 2 goutteurs) pour les kermès et 6 (4 capillaires + 2 goutteurs) pour les autres. A ce stade, on peut également passer à la micro aspersion, type « micro jet ster » 1,5 m de rayon 20 litres/heure, si votre ressource en eau vous le permet. Sur les terrain hétérogènes avec des besoins en eau variables, il faudra jouer sur le débit des asperseurs pour passer à 30 ou 40 litres/heure sur les parties les plus filtrantes.

Les apports d’eau sont toujours à considérer en fonction de la nature de votre sol et de la météo. Il est clair qu’il faut s’adapter aux conditions locales, ce qui est le cas dans notre département sec et venté ne l’est pas forcement en Charente ou en Dordogne. La truffe aime l’humidité, pas l’excès d’eau, il faut être très vigilant sur ce point. L’excès d’eau peut “tuer” une truffière en production. Chacun doit rester “à l’écoute” de sa plantation afin de lui apporter les soins les mieux appropriés.

Dernières expérimentations ! Testé en 2016.

Afin d’irriguer juste quand c’est nécessaire, nous avons installé des sondes de relevés tensiométriques  à relevé manuel de la marque Watermark fournis par la société l’Arc en ciel. Ce système est simple d’utilisation et peu coûteux.

Nous avons adapté l’utilisation aux particularités de la trufficulture : installation des sondes à 20 cm de profondeur (la truffe se trouve ente 10 et 20 cm de profondeur). La première  année a été une année test avec des relevés tous le 3 ou 4 jours. La lecture se fait de 1 à 200 centibars, nous avons déclenché l’arrosage entre 100 et 120 CB afin d’arriver juste avant la limite de la sécheresse.  Il est conseillé d’installer 3 à 4 sondes sur une parcelle, 3 à 20 cm de profondeur et éventuellement une à 40 cm pour voir l’humidité plus en profondeur.

Ce système s’avère très utile et facilite la gestion de l’eau sur nos parcelles très hétérogènes, certaines sèchent plus vite que d’autres. Le fait de connaître l’état d’humidité des sols nous permet d’attendre un maximum avant de déclencher l’irrigation, ce qui est d’après nos constatations, favorable pour la production des truffes. Depuis 2019, nous déclenchons l’arrosage à 150 centibars.

Contact :

Hervé HENRY, SARL L’ARC EN CIEL, 5 rue Lacazette, 64260 ARUDY Tél : 05.59.05.69.21, Mobile: 06.75.50.95.78, e-mail :arcenciel64@gmail.com

site web: http://l-arc-en-ciel.fr/

Nous avons récemment reçu l’information suivante d’un trufficulteur audois : il a planté des tubercules de topinambour

sur plusieurs parties de sa parcelle. Quand les feuilles de ces plants de topinambour manifestent un manque d’eau, il irrigue ! Version naturelle des sondes tensiométriques !

15 Responses

  1. Barbé Jean Jacques

    très utile les conseils j ai deja envoyé 40 mm il y a 3 semaines mais la rigueur scientifique des mesures me parait plus précise .la prochaine étape sera la bonne et les kilos seront au rendez vous. A bientôt. J.J.B.

  2. Thouvenin

    Bonjour ! Merci pour vos infos !
    Petite question ? Es t il possible d’irriguer avec de l’eau du robinet ( donc plus ou moin traité ) ou faut t’il obligatoirement de l’eau de pluie ou de source ?
    Merci d’avance

    • nina_wollner

      Bonjour,
      Je vous déconseille l’arrosage avec l’eau de robinet car elle est souvent traitée au chlore, mauvais pour les champignons ! Cependant, si vous n’avez pas d’autres possibilité d’approvisionnement, vous pouvez remplir une cuve ouverte ou aérée avec de l’eau de robinet et laisser le chlore s’évaporer pendant 3 ou 4 jours.

  3. Thouvenin

    Deuxième question,
    Mes plans truffier donne de la tuber ucinatum ( étant en région grand est ) , sachant que celle ci aime l’humidité me conseilleriez vous que mettre un paillage d’écorces de pain au pied de chaque plan afin de garder au maximum l’humidité ???
    Merci d’avance

    • nina_wollner

      Deuxième réponse. Le paillage est une bonne solution pour garder l’humidité du sol. Cependant, l’écorce de pin à tendance à acidifier le sol et peut donc déstabiliser le milieu propice à vos truffes. Il vaut mieux choisir un paillage qui ne transforme pas trop le sol, type tapis de feutre/coco, pierres plates, branches de chêne, sarments de vigne ou paillage plastique.

  4. Tony

    Bonjour,
    Dans le cadre de création d’une culture truffière, j’aurais aimé savoir ou vous avez trouvez le système d’arrosage par capillarité.
    Merci.

    • nina_wollner

      Bonjour,
      Noua avons notre fournisseur d’irrigation sur Perpignan, la société Socatir.

  5. Josiane Dufour

    Je viens de trouver des truffes avec le craquelé ment du sol ! Puis je arrosé avec l’eau de pluie recueilli du ciel dans une grande cuve pour aider ces tubercules à grossir et arriver à maturation. Merci

  6. ANITA BODIN

    je voudrait savoir si l’eau de la ville pouvait servir sans faire de degat au truffes pour arroser

    • nina_wollner

      Bonjour,
      Vous posez là une question sujet à discussion. Il y a ceux qui disent que l’eau de la ville peut être utilisée sans risque. Puis il y a les autres, dont je fais partie. Il me semble que le chlore est néfaste pour les champignons et bactéries et nous savons qu’il faut une équilibre de spores et bactéries dans le sol pour produire de la truffe. Il est possible que l’eau de la ville, selon son dosage (attention, en période de canicule ou suite à des fortes pluies, ils mettent plus de chlore) “nettoie” trop le sol. Cependant, le chlore étant très volatile, il est possible de remplir une cuve ouverte et laisser décanter l’eau de la ville pendant 48 heures. Voilà mon point de vue, je préfère la prudence à ce sujet.

  7. Combes

    Bonjour Mr jgc étant paysan j arrosé a l enrouleur qu on voit pour les maïs soja tournesol quand pensez vous

    • nina_wollner

      Bonjour,

      Ce n’est pas l’arrosage idéal à notre avis mais c’est mieux que pas d’arrosage du tout. Il faut cependant faire attention à la quantité apporté : trop peu d’eau à la plantation nuit au développement de l’arbre. A partir de 3 ans, un excès d’eau est également mauvais pour l’installation des brûlés puis la production de truffes. Il est plus facile de maîtriseer les quantités d’eau avec une micro aspersion. Bonne continuation !

  8. Eric

    Bonjour,
    dans une période chaude et avec aucune pluie comme actuellement, je m’interroge pour un doublon (vert/cerris) de 1 an, planté il y a 7 mois sur la fréquence et la quantité d’eau moyenne a mettre par doublon, en arrosage manuel et avec un sol légèrement argileux.
    Merci

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