Traditionnellement, il est conseillé d’installer les plants truffiers sur un sol avec un pH entre 7,5 et 8,5. Qui n’a pas été découragé en découvrant que la parcelle qui aurait pu recevoir une future plantation présente un pH de 6 ou 7 ?
Pour nous et selon nos expériences, le terrain à pH bas présente de nombreux avantages et n’est pas du tout un frein à la plantation. Il y a certes le travail d’amendement du sol à faire, tout comme il faut de toute façon préparer la parcelle avec un débroussaillage / désherbage et sous-solage / assouplissement du sol.
Sur nos plantations, un ensemble de parcelles très hétérogènes sur au total 20 hectares (6 propriétaires avec un puits en commun), nous avons pu expérimenter sur plusieurs types de parcelles avec des structures, profondeurs, expositions et analyses très variés. Dans tous les cas, les meilleurs résultats en précocité et importance de production se trouvent sur les sols avec un pH de 6 ou 6,5 au départ, modifié avant plantation.
Nous avons fait un apport de 15 tonnes de calcaire enrichie en magnésium (dolomite), broyée en calibre 2 – 6 mm, par hectare. Cet apport a été dispersé sur les rangs avant plantation. Sur d’autres parcelles, plus petites, nous avons juste étalé le calcaire sur chaque emplacement avant la plantation et l’installation du paillage. Il n’est pas nécessaire d’enfouir les gravillons de calcaire, l’eau de pluie ou d’aspersion qui tombe dessus se sature en calcaire et descend dans le sol.
Sur une de nos parcelles plantés en mai 2006, nous avons ramassé la première truffe sur un plant mixte chêne chevelu / chêne liège, sous le paillage plastique, en janvier 2010. A l’époque, nous avions utilisé des graviers calcaires d’un calibre plus important. Nous avons mesuré le pH au fond du trou de cavage et avons eu la surprise de constater le le pH était resté inchangé, à 6,5. L’ajout de calcaire n’a pas modifié le pH du sol en profondeur mais a permis d’apporter le calcaire nécessaire à la production de truffes.
Nous n’avons fait que reproduire un phénomène que nous avons constaté dans des truffières sauvages : dans certains secteurs dans les Pyrénées Orientales, sur sols acides constitués de schistes et granit, il y a des truffières naturelles en contrebas des routes sinueuses où il y a parfois du neige et du verglas en hiver. Le gravier qui a été épandu sur la route afin d’éviter des glissades en hiver descend sur les truffières en sol acide et permet de déclencher la production !
En comparaison avec nos parcelles ayant un pH de 8 ou 8,5 au départ, nous avons constaté que la production de truffes démarre plus tard sur un pH élevé. Le sol acide n’est donc plus un frein à la plantation, la structure même du sol (qui est difficile à modifier) est bien plus important que le pH qui peut se modifier facilement. Privilégiez un sol équilibré en argile, sable et limon (environ 1/3 de chaque), pas trop compact avec un antécédent de culture « propre » (vigne, céréales) ou prairie ou garrigue, plutôt qu’un bois. Sans oublier la possibilité d’irriguer car sans eau, pas de truffe !
Février 2018 : voici une expérience très réussi dans le Gard
Grégory Borde nous témoigne de son expérience de modification du sol sur une parcelle sur laquelle « personne » n’aurait planté des chênes mycorhizés. Vu les résultats, il a eu raison d’aller jusqu’au bout de sa « folie ». Bravo Grégory
Queron Nicolas
Bonjour, suite à mon projet de plantation d’arbres truffiers , je me suis aperçu que mon pH était de 6. J’aurais voulu savoir quel amendements et quelle quantité je devrais mettre pour une plantation d’environ 20 arbre. En attente de votre réponse merci et bonne journée
nina_wollner
Bonjour,
Pour ce pH assez bas, vous devez mettre env. 20 kg par arbre de calcaire ou de dolomie (calcaire enrichi en magnésie) sous forme de petits gravillons 2 – 6 mm. Vous pouvez en mélanger une peu à la terre lorsque vous préparez votre trou de plantation puis répandre le reste en surface autour de l’arbre sur env. 1 m de diamètre.
Queron Nicolas
Merci bien pour cette réponse. J’ai une autre question il se trouve qu’à côté de ma plantation il y a une haie de noisetier avec quelques chaînes. Est-ce que cela est bon? Ils sont à 4ou 5m de mes premiers plans. Merci bonne journée
François du Perche
J’ai lu qu’aubépine commune et prunellier (épine noire) pouvaient générer des truffes. Ces deux variétés, qui sont très robustes et s’adaptent à tous les sols peuvent être greffées avec des fruitiers (poires, prunes, pêches etc), ce qui permettrait d’avoir des fruitiers truffiers autour de chez soi, à l’abri des divers prédateurs. L’aubépine greffée serait à l’abri du feu bactérien dont la contamination se fait par les fleurs. Est-il envisageable de vous commander des plants mycorhizes de ces deux variétés.
fourrier
Bonjour Mr
je vous pose deux questions :
1° sur la qualité d’un sol truffier ,à partir de quelle acidité peut on planter sans gros risque pour que les arbres produisent .
2° que penez vous des coquilles d’huitres broyées finement pour remonter le ph ?
merci de votre réponce
cordialement
Yannick Lopez
Bonjour,
Attention aux mesures PH.
J’ai pu constater une chose sur des terrains argilo-calcaire en faisant le suivis de vergers.
Analyse année 0 : PH 6 donc acide, par contre j’ai constaté énormément d’éclats de marbre et autres formes de roches calcaires.
Année 3 : Après revitalisation des sols le PH est remonté à 7.5, sans amendement calcaire. Juste car on a réactivé la vie du sol.
Je me dis que souvent il faut laisser reposer les sols avec une bonne fauche tardive afin de faire remonter la matière organique et réactiver tous les processus avant de faire une analyse. Faire une analyse sur un sol stérile et inactif me semble complètement faux.
Vous m’avez l’air de faire un super boulot ! Ravie de voir qu’il y a de la production de truffiers en local !
Si vous avez des demandes pour la gestion de parcelles ou l’entourage avec des haies biodiversité, n’hésitez pas à m’appeler.
Bonne journée